Hautes Belles

Hautes Belles

Brion

Val de Loire

Les racines

Replanter la vigne à Brion, c'est renouer le fil avec une riche histoire locale. Dans ce bourg du Maine-et-Loire, il n'a fallu que quelques années au phylloxera pour effacer les traces d'une viticulture prospère. Auparavant, et pendant des siècles, l'abondance et l'excellence des vins de la région avaient été louées par les chroniqueurs, attestées par les géographes et chantées par les poètes, Ronsard et Du Bellay en tête.

Foyer de population dès avant l'ère chrétienne, Brion est situé le long d'une ancienne voie romaine. La culture du raisin dans la vallée inférieure de la Loire a longtemps été associée aux derniers temps de l'Empire. C'était avant la découverte, lors de fouilles archéologiques menées dans le village, d'instruments destinés au service du vin lors des banquets. Daté du V e siècle avant notre ère, ce matériel témoigne d'une vocation viticole encore plus précoce.

À partir du XI e siècle, parallèlement à la mise en valeur des terres, le vignoble prend véritablement son essor. Les crus angevins s'attirent bientôt les faveurs des grands personnages. Ils sont présents au XIIͤ siècle à Paris, où ils égayent les repas d'apparat et font l'objet de dons aux familles princières.

Brion participe à cet élan. En 1150, le tertre, point culminant du coteau qui délimite la vallée de la Loire au sud et le Beaugeois au nord, est déjà connu pour accueillir la culture du raisin. Plus tard, à la veille de la Révolution française, la surface occupée par les parcelles de la Seigneurie des Hayes est évaluée à 12 hectares. Ce n'est là qu'une partie des vignes exploitées dans le village. Célestin Port, archiviste méticuleux de l'histoire et de la géographie du Maine- et-Loire, a calculé que la viticulture couvrait environ 90 hectares du territoire brionnais en 1874. Soit tout juste dix ans avant l'arrivée du phylloxera.

L'engagement

Le projet des Hautes Belles est une aventure collective nourrie par l'amitié, la passion partagée pour le vin et la détermination à exprimer le potentiel viticole d'un grand terroir. Comme sur la majeure partie du vignoble saumurois, on trouve à Brion les terres blanches du tuffeau. Ce sol calcaire, qui favorise l'équilibre et l'hydratation de la vigne, est un gage de fraîcheur et de minéralité pour les vins.

Trois parcelles ont été plantées en 2023 dans le centre du bourg, sur une surface totale de 1,4 hectare. Elles donneront lieu à trois cuvées. Les Hautes Belles produiront un vin blanc sec issu de chenin, cépage emblématique de la vallée de la Loire qui aurait été cultivé dès le VIͤ siècle par les moines de l'abbaye de Saint-Maur, à mi-chemin entre Angers et Saumur. En rouge, l'encépagement repose presque exclusivement sur le cabernet franc. Lui aussi de réputation ancienne – Rabelais en fait l'éloge au XVIͤ siècle – il délivre ses plus belles expressions sur les socles de tuffeau. Aux Hautes Belles, il sera complété d'une petite proportion de cot, autre cépage ligérien historique. S'ajoutera un vin rosé façonné à partir de pineau d'Aunis, avec l'ambition d'associer la souplesse et la finesse aromatique qui correspondent à l'évolution des goûts.

En cours de conversion vers l'agriculture biologique, l'exploitation devrait couvrir 3 à 4 hectares dès 2025 et jusqu'à 5 hectares à terme. Le choix d'avoir « les pieds à portée de main » répond à la volonté de maîtriser les différentes étapes de l'élaboration du vin dans le cadre d'une approche respectueuse du vivant et économe en déplacements à haute intensité carbone.

Au-delà du vin

Produire des vins de qualité, représentatifs de leur lieu de naissance et de la culture viticole de l'Anjou, est l'objectif des Hautes Belles. Mais le projet s'inscrit également dans une ambition plus vaste : apporter des bénéfices partagés aux habitants de Brion et à leur environnement. Le domaine sera pourvoyeur d'emplois fixes et saisonniers. Il contribuera au développement de l'œnotourisme. Il renforcera son ancrage local en associant la communauté aux décisions intéressant le bien commun. Des ateliers de sensibilisation du public scolaire à l'écologie et à l'agroforesterie sont envisagés, de même qu'un jardin conservatoire destiné à valoriser le patrimoine naturel.

Les pratiques en usage dans les parcelles témoignent d'une attention soutenue à l'écosystème et à l'état biologique des sols. Plantés aux côtés des ceps, les figuiers et amandiers doivent leur présence à leur compatibilité avec la vigne mais aussi à leur intérêt en matière de préservation de la biodiversité. Des ruches ont élu domicile aux Hautes Belles ; par leur action de pollinisation, les abeilles favorisent le développement de la flore dans et autour de l'exploitation, et enrichissent ainsi l'espace viticole. Demain, les haies aménagées en zone de non-traitement serviront notamment de réservoirs d'auxiliaires permettant de lutter contre les ravageurs des cultures. Si l'activité des Hautes Belles peut, à son échelle, soutenir la cohésion intergénérationnelle et la transition écologique du brionnais, l'un de nos vœux aura été exaucé..